Les droits économiques de la personne. Un séminaire de Réseau Salariat

Les droits économiques de la personne. Un séminaire de Réseau Salariat

La saison 1 de Révolution et contre-révolution contre les institutions du travail

Séminaire 2017-2018 à la Bourse du Travail de Paris


L’échec de l’opposition aux réformes concernant l’emploi, le code du travail, le salaire et la protection sociale menées depuis les années 1980 risque de se reproduire sous Macron si les opposants continuent à réfléchir en termes de répartition de la valeur entre travail et capital. La classe ouvrière a commencé au cours du XXe siècle, non pas à mieux répartir la valeur mais à en changer la pratique. C’est, en réponse, une contre-révolution capitaliste que poursuivent les réformateurs.

Bernard Friot propose une réévaluation des conquêtes ouvrières en matière de droit économique des travailleurs·euses pour sortir du poncif de l’analyse des réformes en termes de « néolibéralisme ». Les réformes ne se contentent pas de s’attaquer aux droits économiques conquis, elles en créent de nouveaux, très réactionnaires, comme le compte personnel d’activité ou le revenu garanti. Ce diagnostic permettra de proposer des pistes d’une offensive en vue de l’attribution à chacun·e à 18 ans de deux droits économiques fondamentaux : le droit à la qualification personnelle (et au salaire à vie qui va avec) d’une part, et le droit de propriété d’usage de l’outil de travail (et donc à la décision dans toutes les entreprises où le/la salarié·e travaillera et dans les caisses d’investissement) d’autre part.


Séance 01 – Octobre 2017 : « Introduction », par Bernard Friot

Dans les premières séances, à partir de son ouvrage, Vaincre Macron (La Dispute septembre 2017), Bernard Friot propose une réévaluation des conquêtes ouvrières en matière de droit économique des travailleurs·euses pour sortir du poncif de l’analyse des réformes en termes de « néolibéralisme ».


Séance 02 – Novembre 2017 : valeur d’usage (richesse) et valeur économique, par Bernard Friot

Commençons par revenir sur une distinction essentielle posée dans la première séance du séminaire.

  • La différence entre valeur d’usage (richesse) et valeur économique (valeur) ;
  • La différence entre activité (travail concret) et travail (abstrait) ;
  • La différence entre production de richesse et PIB. C’est un point central, dont témoigne le « je cherche du travail » ou le « je ne travaille plus » de personnes qui peuvent être très actives. Or, la bourgeoisie s’emploie à superposer activité et travail, richesse et valeur, car autant elle utilise le travail concret, autant elle récuse toute possibilité de maîtrise du travail abstrait par les travailleurs⋅euses : elle va donc faire en sorte que les travailleurs⋅euses ne s’intéressent qu’à leur activité, en entretenant un tabou sur la valeur dont elle se réserve le monopole…

Séance 03 – Décembre 2017 : Les prémices des droits économiques communistes de la personne, par Bernard Friot

Dans le capitalisme, l’outil de travail est la propriété patrimoniale lucrative d’un individu qui en tire un revenu. L’investissement est financé par un cycle profit/crédit. Les producteurs⋅ices, elleux, doivent s’insérer dans un marché, car iels sont en elleux-même étranger⋅ères au travail. La protection sociale repose alors sur deux piliers : un revenu de base (universel) et un revenu complémentaire (contributif) assorti d’un compte personnel. Les institutions communistes de la valeur changent la donne. Elles reposent sur la copropriété d’usage des outils de travail par les salarié⋅e⋅s. Dans ce cadre, l’investissement est financé par un cycle cotisation/subvention. Les producteur⋅ices reçoivent enfin un salaire à la qualification. Ce sont des personnes dotées de droits économiques, qui maîtrisent à la fois leur travail concret et les institutions de la valeur.

En résumé, le producteur ou la productrice est titulaire de son salaire, propriétaire d’usage de son outil de travail, et il ou elle délibère dans les institutions de coordination de la production.


Séance 04 – Janvier 2018 : Salaire à la personne ou revenu différé ? Les enjeux de classes de l’indemnisation du chômage et de la pension de retraite, par Bernard Friot

Nous avons vu lors de la troisième séance que :

  1. Le diplôme comme droit de la personne n’est pas un enjeu de classe. Par contre, la classe dirigeante refuse catégoriquement que la qualification soit un attribut de la personne, car elle se réserve le monopole de la décision en matière de contribution à la production de valeur économique ;
  2. Le salaire comme droit de la personne est une conquête révolutionnaire. Il n’est possible que si une dissociation est introduite entre la validation sociale du produit du travail et la rémunération des producteurs⋅ices, et si une socialisation de la valeur permet une allocation macro-économique du salaire.
    Nous étudions, dans la quatrième séance, deux lieux particulièrement aigus du conflit auquel donne lieu le salaire comme qualification de la personne : l’indemnisation du chômage et la pension de retraite.


Séance 05 – Février 2018 : Les droits à ressources que met en place la ‘‘réforme’’ sont-ils des droits économiques de la personne ? , par Bernard Friot

Après avoir mis en évidence l’enjeu de classes des deux types de régimes de pension de retraite en répartition qui nous a conduit à prendre conscience que c’est la pratique de la valeur (et donc du travail) qui est l’objet de la lutte de classes, nous analysons les droits à ressources que promeuvent les « réformateurs » depuis plus de vingt-cinq ans.


Séance 06 – Mars 2018 : Le projet de revenu de base, une impuissance politique, par Denis Bayon

Dans le prolongement de la présentation faite dans la séance de février de la construction du revenu de base depuis les années 1980, c’est Denis Bayon qui anime cette séance du séminaire.

Économiste membre de Réseau salariat, il réfléchit dans l’optique de la décroissance. Il vient de rédiger le manuscrit d’un ouvrage très intéressant qui critique le revenu de base du point de vue de la décroissance, alors qu’en général les décroissants sont favorables au revenu de base. Il montre dans le séminaire en quoi le revenu de base est incapable d’assumer un projet de décroissance. Denis Bayon tient une rubrique économique dans le bimestriel « La décroissance » et a publié en particulier, à La Découverte, « La décroissance, dix questions pour comprendre et débattre » avec Fabrice Flipo et François Schneider (2012)


Séance 07 – Avril 2018 : Quelle réponse communiste aux droits économiques promus par la contre-révolution ? par Bernard Friot

Dans cette séance, il s’agit d’aller au bout de la réflexion sur le type de droits économiques de la personne que les deux piliers capitalistes de ressources reconnaissent (vus dans la séance de Février). Puis on montrera comment ces droits appellent en réponse une proposition très délibérée de salaire comme droit politique attaché à la personne. La pleine reconnaissance des personnes suppose qu’elles soient inscrites, sous une forme qu’elles maîtrisent, non seulement dans l’ordre de la valeur d’usage mais aussi dans celui de la valeur économique. C’est l’occasion l’occasion de poursuivre la réflexion sur la valeur.


Séance 08 – Mai 2018 : Réponse à des contradicteurs, par Bernard Friot

La thèse soutenue par Bernard Friot est contestée par un certain nombre de ses collègues, dont il examine ici l’argumentation : Harribey, Husson, Borrits, Khalfa, Sterdyniak, Bihr, Gadrey.


Séance 09 – Juin 2018 : Réponse à des contradicteurs (suite), par Bernard Friot


Les ouvrages de base du séminaire :

L’ouvrage de base est Vaincre Macron de Bernard Friot (La Dispute, 2017) Présentation du livre

Collectif Citoyens Souverains
citoyenssouverains@gmail.com
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